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Article: Rero X Stéphane Parain : interview croisée

Rero X Stéphane Parain : interview croisée
INTERVIEWS

Rero X Stéphane Parain : interview croisée

À l'occasion de la sortie du buste "Error 404" par Stéphane Parain et Rero, éditée par Fluctuart, nous vous proposons une interview des deux artistes qui livrent ici quelques clés pour présenter cette œuvre à la croisée des mondes.

Quel est votre rapport à l’écriture et plus précisément aux mots, composante essentielle de vos œuvres ?

Rero (R) : C’est ma manière de digérer le monde et d’interagir avec lui. Mes interventions à partir de mots me permettent de questionner les maux de notre société dans différents contextes et de prendre part au débat public.

Avez-vous déjà eu envie d’utiliser d’autres alphabets (chinois, russe, arabe, etc.) dans vos œuvres ?

R : J'aime beaucoup le Sanskrit depuis ma dernière intervention en Inde à Mumbai dans lequel les lettres sont reliées (ou barrées) entre elles aussi au 2/3 et plus récemment le code Arecibo pour communiquer avec les extraterrestres que je trouve très esthétique et bizarrement super poétique aussi ...

Envisage-t-on de la même façon une installation dans une galerie, une toile ou une sculpture en 3 dimensions ?

R : J'aime bien prendre l'image de la bouteille de Klein ... Elle symbolise pour moi cette connexion entre le milieu intérieur et extérieur et peut nous aider à y voir plus clair sur cette question. Impossible de différencier l'intérieur de l'extérieur dans cette forme géométrique et je pense qu'elle symbolise un peu le travail de tout artiste, alors que l'on voudrait nous enfermer dans une seule pratique d'intérieur ou d'extérieur. Or, je pense que nous devons faire les deux sans refoulement, mais en faisant bien attention à adapter notre pratique à chacun des contextes, c’est pourquoi je prolonge mes recherches initiées en extérieur sur des supports en intérieur et inversement, comme par exemple sur un papillon qui symbolise l’Imago, la transformation, mais aussi sur des bois brûlés, des livres sous résine, des sculptures ou encore des toiles.

Vous vous voyez plus comme un artiste plasticien ou comme un auteur ?

R :Je dirais que dans une société capitaliste, le fait d'être artiste ou du moins d’ère considéré comme tel par la société, cela me permet de rester relié à mon humanité et donc de rester un animal social et pragmatique.

Vous avez récemment réalisé une campagne de communication pour la (formidable) ville de Rouen pour sa candidature à devenir capitale de la culture. Est ce une occasion qui s’est présentée et qui a été prise ou cette ville a une valeur particulière à vos yeux ?

R : Suite à une exposition au Hangar 107 en 2018, j’ai été invité à collaborer avec RNI pour soutenir la candidature de Rouen comme Capitale européenne de la culture en 2028... Ça n'a malheureusement pas été la décision du jury , mais je pense qu’avec les changements climatiques et Paris qui se concentre et le dynamisme de Rouen, une migration vers la Normandie me semble être une très bonne idée, mais attention, il ne faut pas non plus trop la partager si on ne veut pas tous se retrouver là-bas dans quelques années. J’y vais régulièrement pour monter des projets en collaboration avec le Hangar 107 que j'affectionne tout particulièrement et j’ai même envisagé y ouvrir un atelier prochainement, mais la vie en a décidé autrement, pour le moment du moins…

Votre buste original error 404 était gigantesque, cette statuette fait elle 28 cm de haut, le rapport d’échelle change-t-il la perception de l’oeuvre et son message ?

R : Ça permet à chacun d’en conserver un morceau ou une trace de nos interventions dans l’espace public et de s’approprier un petit morceau de l’aventure sans rogner sur la qualité de l’exécution et les finitions ! Les collectionneurs sont même souvent surpris par le poids de cette miniature et les finitions. Ça fait super plaisir !

Commençons par une question sans doute un peu bête, mais comment devient on sculpteur ?

Stéphane Parain (SP) : Il existe autant de parcours d’apprentissage de la sculpture qu’il y a de matières à sculpter. La sculpture est une discipline passionnante à cet égard, les variations du métier semblent infinies. Pour ma part, j’ai commencé par sculpter l’argile auprès d’artistes, puis la pierre avec la rencontre de compagnons sculpteurs, je continue à être curieux et à explorer d’autres techniques, d’autres matières, j’ai la sensation que l’on a jamais fini de devenir sculpteur.

Votre travail repose beaucoup sur les textures, d’où vous vient cette fascination ?

SP : Mon inspiration passe beaucoup par le sensoriel, je suis fasciné et émerveillé par la complexité des formes, couleurs et textures que l’on retrouve dans la nature. Chaque forme, chaque texture exprime quelque chose, c’est pour moi comme un grand parchemin à déchiffrer. Et j’essaie d’utiliser ce langage dans mon travail.

Il y a dans plusieurs de vos travaux une envie de « trompe l’oeil », je pense par exemple à l’oreiller en plâtre de votre exposition APOPHENIE, considérez vous votre art comme ludique ?

SP : Je vois une œuvre d’art comme la possibilité d’une discussion intérieure. Pour pouvoir démarrer cette conversation, je trouve important que l’art soit ludique et puisse susciter l’interrogation.

Vous devez choisir une matière à travailler, laquelle ?

SP : Je choisirai l’argile, j’adore sa texture, son odeur et toutes les applications artistiques qu’elle offre. J’aime aussi le fait que ce soit un matériau très commun, discret, mais qui a une telle stabilité dans le temps qu’elle nous permette de remonter aux débuts de l’histoire de l’art.

Est-il plus simple de sculpter l’abstraction ou le concret ?

SP : Je suis obligé de passer par le concret, sculpter ce que je vois me permet de m’en rapprocher et d’y ancrer une abstraction.

Dans le projet « UPDATE, » vous reprenez les codes de la sculpture classique, cela vous a demandé un effort particulier pour coller aux méthodes de fabrication d’une époque ?

SP : Dans le projet UPDATE, nous avons dû appliquer des méthodes modernes de fabrication pour produire les bustes à cette échelle monumentale. Le challenge était surtout, de respecter la “facture” d’une sculpture ancienne, en respectant les codes de la sculpture classique, garder une exigence du début à la fin, jusqu’à la texture finale qui reproduit la pierre.

Pouvez-vous nous raconter votre rencontre ? 

SP : Notre première rencontre était aux Buttes-Chaumont en début d’été par des amis en communs, nous avons vite commencé une discussion sur l’art, qui finalement a duré quelques années.

R : On s’est rencontré dans le cercle amical/familial avant d’imaginer une collaboration. C’est souvent plus fort quand les projets naissent ainsi. Et ça a tout de suite collé sur le plan humain premièrement et artistique ensuite. Maintenant, on préserve ce bel équilibre et Stéphane est avant tout pour moi un ami avant d’être un collaborateur.

D’où vous est venue cette envie de collaborer ?

SP: L’envie et l’idée sont venues sans trop prévenir, au fil de la discussion. Un premier buste s’est très vite conceptualisé et en 30 minutes, on avait fait des premiers tests puis un objet qui nous semblait sexy était là.

R : En 2012, on était dans son appartement dans le 18e arrondissement et on a eu envie de faire se rencontrer et/ou court-circuiter les codes classiques de la sculpture qui appartenaient plus à l’univers de Stéphane, aux codes informatiques et contemporains que l’on retrouvent dans mes interventions « textuelles ».

On a pu présenter nos 3 premières versions lors de mon exposition EIDOLON à la galerie BACKSLASH en mai 2012 et qui ont tout de suite rencontrées un grand succès et nous a donné ensuite envie de développer le projet en faisant des nouvelles variantes.

 

Dans le cadre de votre collaboration, il y a une volonté de faire se rencontrer tradition et modernité, comment conceptualise-t-on un tel projet ?

R : On a fait quelques expérimentations, mais on s’est vite mis d’accord sur le rendu final que l'on peut apprécier encore 12 ans après. Le changement d’échelle a aussi été expérimenté en 2018 lors du projet embellir Paris avec le socle et le soutien de Djeff, la Mairie de Paris et de FLUCTUART et on a pu le réactiver plus récemment sous l’impulsion de Nicolas Couturieux et l’aide de Gilles Treuil autour de la Madeleine et du Faubourg Saint-Honoré en plein cœur de Paris en octobre dernier en passant d’une première sculpture LOADING à 4 nouvelles ; à savoir LOW RESOLUTION, SHIFT, ERROR 404et LOCKED. Je vous invite à voir la vidéo de Jules Hidrot qui a permis de conserver une magnifique trace du projet !!

Lorsque Fluctuart vous propose de dériver vos œuvres dans des versions miniatures et limitées, comment avez vous accueilli la proposition ?

SP : C’est l’idée de pouvoir proposer une version plus abordable au public nous a séduit.

R : On a adoré l’idée même si techniquement, il nous aura fallu attendre quelques années pour trouver le bon processus et la bonne chaîne de production pour ne pas rogner sur la qualité tout en pouvant offrir un prix relativement accessible et démocratique, et ce, grâce à Artoyz.

Error 404 par fluctuart est une copie carbone de l’original ou y a-t-il eu des ajustements dus à la taille, au changement de matière etc ?

SP : Nous souhaitions une copie carbone de l’original en plâtre, jusqu’à en reproduire les “accidents” ou “défauts de fabrication”. Afin d’offrir un objet au plus proche de l’original.

R : Copie conforme !! Juste un changement d’échelle !! C'était important pour nous de garder les petites imperfections et pétouilles qui existaient sur la première version. Ça rend la pièce encore plus unique et délicate pour nous quand on l’a sous les yeux et encore plus dans les mains. C’est l’avantage du changement d’échelle qui permet aussi un rapport « charnel » à l’œuvre en la prenant dans les mains. Chose que l’on ne peut pas faire au musée ni même dans la rue…

De votre œuvre commune « UPDATE », il y a eu 4 bustes. Cela, a-t-il toujours été prévu comme cela ou y a-t-il eu des choix à faire concernant ce que vous vouliez/pouviez faire ? 

SP : Nous avons sélectionné les bustes que nous pensions les plus pertinents pour cet événement, avec des considérations en termes de symbolique par rapport à l’histoire des lieux proposés, de composition par rapport à l’architecture et également en termes de réalisation technique.

R : Disons que comme tout projet dans l'espace public, il y a toujours des imprévus et aléas auxquels il faut faire face et ça a été le cas cette fois aussi !! Nous avions prévu 5 bustes initialement avec Niclas Couturieux avec 5 emplacements proposés par la Mairie mais notre planning a été un peu chamboulé par la fan zone du rugdy qui nous a sifflé un emplacement place de la Concorde, ce qui nous a obligé à en présenter seulement 4 sur le 5 et donc de faire un choix, c est donc le LOCKED qui est resté à l’atelier mais vous pouvez toujours aller le visiter à Evreux au jardins de Joséphine et j’espère que nous allons pouvoir les représenter dans d’autres villes ou contextes dans les prochains mois … C’est déjà en prévision, mais comme c’est encore à l’état de projet, je préfère vous faire la surprise avec le retour des festivals et biennales de cet été…

Une nouvelle collaboration est elle envisagée dans un futur plus ou moins proche ?

SP : L’aventure des bustes continue et nous occupe beaucoup. Nous sommes très instinctifs lorsque nous collaborons, nous ne sommes jamais à l’abri d’une bonne idée qui pourrait surgir.

R  : Pour ma part, j’aimerais beaucoup éditer la version miniature du SHIFT ou LOW RESOLUTION prochainement !! Peut-être pour 2025 ?? T’en penses quoi Stéphane ??


Le Buste "Error 404" - Rero & Stéphane Parain est disponible juste ici

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